Un énorme merci à Unt’ Margaria pour sa retranscription.​

Épisode 8 : Jusque là, tout va bien

Jusqu’à 3 Français sur 100 connaitront un jour dans leur vie une attaque de panique. Ces crises d’angoisse se manifestent par l’apparition brutale d’une peur intense associée à l’idée qu’une catastrophe va se produire de manière imminente. La première fois, la personne ne comprend pas ce qui lui arrive, elle peut avoir l’impression qu’elle va mourir ou sombrer « dans la folie ». Au-delà de la souffrance psychique que provoquent ces crises, des sensations corporelles désagréables telles que des nausées ou des vertiges sont souvent présentes.

La durée de ces attaques de panique peut varier, et le contrecoup peut être dur. C’est après la première d’entre elles que le trouble s’installe, avec la peur intense et incessante qu’une nouvelle crise survienne. Cette angoisse permanente conduit souvent à des conduites d’évitement de certaines situations : transports en commun, salles de concert, lieu de travail, etc.

Dans deux tiers des cas, le trouble panique s’accompagne d’une agoraphobie, c’est-à-dire une peur des grands espaces et des lieux publics, notamment ceux dont il serait difficile de s’échapper facilement.

Je reçois aujourd’hui Alexis, un trentenaire fringant, qui nous parle de sa première attaque de panique, de ses angoisses omniprésentes, de la manière dont ce trouble a modifié sa vie quotidienne, mais aussi et surtout comment il parvient aujourd’hui à trouver l’apaisement et revenir à un quotidien plus serein.

[Musique d’introduction]

Mickaël : Bonjour Alexis.

Alexis : Bonjour.

Mickaël : Merci d’avoir accepté mon invitation à participer à cette émission. Aujourd’hui on va parler du trouble panique avec agoraphobie. Pour commencer est-ce que tu pourrais nous dire avec tes propres mots de quoi il s’agit ?

Alexis  : Alors le trouble panique avec agoraphobie c’est la peur récurrente de faire des attaques de panique. Donc on s’installe dans un système de peur automatique. Et l’agoraphobie c’est la peur de ne pas pouvoir s’échapper ou de ne pas pouvoir être secouru dans les lieux publics ou certains lieux en particulier.

Mickaël : Et si tu devais décrire ces troubles en un seul mot ou en une seule image, ce serait quoi ?

Alexis  : Ce serait la prison. Disons que dans mon parcours petit à petit j’ai senti qu’il y avait un périmètre qui se resserrait autour de moi. Et la prison pourquoi, c’est parce que je me sentais enfermé, enfermé par l’agoraphobie, enfermé par les attaques de panique qui n’en finissaient pas.

Mickaël : Donc on va revenir un peu sur l’histoire de tes troubles. Donc en novembre 2010 tu as ta première attaque de panique. Est-ce que tu peux nous dire concrètement ce qu’il se passe à ce moment-là ?

Alexis  : Ce qu’il se passe, c’est… je sais pas ! C’était exactement mon ressenti à ce moment-là, c’est je sais pas ce qu’il est en train de se passer, mais ce dont je suis certain c’est que je suis en train de mourir. C’était vraiment mon ressenti. C’était un matin, il pleuvait, il faisait gris, et tout d’un coup je me suis senti partir, et j’ai eu des sensations autant physiques que psychologiques que j’avais jamais ressenti de ma vie. Et c’était un état de détresse très profond, très très profond, je pensais vraiment que j’étais en train de mourir ou que j’étais en train de devenir fou et que ma vie à cet instant précis n’allait plus être la même.

Mickaël : Et ces manifestations psychologiques et physiques, c’était quoi ?

Alexis  : Alors physique c’était tachycardie bien évidemment, donc le cœur qui bat très très fort, des étourdissements, les mains très moites, beaucoup de transpiration aussi. Psychologiquement c’était cette peur paralysante de penser que j’étais en train de mourir, que j’étais en train de péter un câble, et que j’allais devenir fou. C’étaient vraiment ça les sensations et j’arrivais plus, j’arrivais pas me raisonner, j’arrivais pas à redescendre, j’arrivais pas à me raisonner, et j’ai essayé tant bien que mal, j’ai essayé d’aller prendre une douche, j’ai essayé de pouvoir me calmer comme je pouvais, mais c’était de pire en pire et… j’ai cherché de l’aide, il y avait ma mère qui était… j’étais chez ma mère, il y avait ma mère qui était là et j’ai dit Maman, amène-moi aux urgences immédiatement, je suis en train de mourir. Il faut appeler les pompiers. Voilà. Et puis elle qui est sujette à des crises de panique et qui connait ça assez bien m’a regardé et m’a dit non, tu es juste en train de faire une crise d’angoisse. Mais c’était vraiment, la première fois, un traumatisme ! Un traumatisme ! C’était beaucoup trop fort, c’était beaucoup trop puissant, c’était quelque chose que je ne gérais pas et c’est hyper dur, très dur.

Mickaël : Et ce genre de crises dure combien de temps ?

Alexis : Alors pour celle-là ça a duré à peu près une heure, une grosse heure de grosse panique dans le paroxysme de l’anxiété, vraiment une heure, et puis ensuite, du coup, elle m’a amené chez mon médecin généraliste qui m’a donné un anxiolytique donc je suis redescendu un petit peu, mais suite à ça en fait la crise était tellement puissante que j’ai vraiment vécu une espèce de choc post-traumatique puisque pendant des jours j’étais à un seuil d’anxiété très élevé avec ce qu’on appelle un seuil de déréalisation. Ça se manifeste par l’impression de ne pas être là, en fait, de voir sa vie un peu comme dans un film, d’être un peu à côté de soi. Et j’avais vraiment l’impression de devenir fou, complètement, complètement ! Sans en parler à personne.

Mickaël : Et cette impression de déréalisation, elle s’est estompée au bout de combien de temps ?

Alexis : Je dirais que cette impression-là s’est estompée au bout de trois, quatre jours. Ça a été compliqué, ce sentiment-là en tout cas est parti, mais comme la première crise du coup était vraiment traumatisante, j’ai développé du coup ce qu’on appelle le trouble panique c’est-à-dire la peur immense de refaire une autre attaque de panique.

Mickaël : Du coup c’est là que s’installe le cercle vicieux, finalement…

Alexis : Complètement, oui.

Mickaël : Où tu as une première crise, et ensuite s’installe la peur constante d’en refaire.

Alexis : Exactement. Et dans mon cas, vraiment immédiatement, quoi. Une crise tellement forte qu’immédiatement j’avais trop peur, j’avais beaucoup trop peur.

Mickaël : Et suite à cette première crise, les suivantes sont arrivées au bout de combien de temps ?

Alexis : En fait j’étais dans un tel niveau d’anxiété, très haut, que des attaques de panique j’en faisais peut être deux, trois par jour. C’est-à-dire que j’étais beaucoup trop anxieux, tout le temps. J’avais des sensations bizarres, cette sensation de vouloir courir et vouloir fuir le moment où je me trouvais, je redescendais jamais réellement c’est-à-dire qu’à partir de cette première crise je n’arrivais plus à avoir de moment calme, les crises de panique se mélangeaient avec l’anxiété du quotidien et c’était vraiment très complexe.

Mickaël : Et cette anxiété que tu ressentais au quotidien, est-ce qu’elle concernait les mêmes choses que les sujets qui te venaient durant tes attaques de panique ou est-ce que c’était des sujets différents ?

Alexis : J’avais pour ma part des sujets assez, assez clairs, c’était la peur de faire un problème cardiaque, et au début en tout cas j’avais ce qu’on appelle une phobie d’impulsion, alors j’ai le vocabulaire maintenant je l’avais pas à l’époque ce qui était d’autant plus traumatisant, c’est que j’avais peur de commettre des actes irrépressibles et hors de contrôle. Donc c’était vraiment axé sur ces deux parties-là, j’avais peur de faire un trouble cardiaque et de faire un arrêt cardiaque, et j’avais peur de développer un trouble psychiatrique, à l’époque je me souviens c’était la schizophrénie qui me… qui me parlait, en tout cas, donc ça tournait souvent autour de ça.

Mickaël : Et donc tu as consulté ton médecin généraliste après ta première crise, et est-ce que tu as ensuite entamé un suivi plus spécialisé par rapport à ces crises ?

Alexis : Alors pas dans l’immédiat. Dans l’immédiat j’en ai pas trop parlé parce que j’avais honte tout simplement, je savais pas ce qui était en train de m’arriver, j’arrivais pas à poser des mots dessus, mais je remarquais que dans mon quotidien ça prenait de plus en plus d’ampleur, je n’arrivais pas à faire mes courses tout seul, j’avais peur de m’évanouir au supermarché donc c’est là que s’est installé un petit peu les évitements, ce qu’on appelle les évitements c’est-à-dire éviter les situations où on se met en difficulté. Jusqu’au jour où tout bêtement, je travaillais dans un servir de réanimation à l’hôpital, et en discutant avec une collègue à moi qui elle m’a parlé directement tiens hier, je me suis arrêtée en voiture parce que j’ai cru mourir, j’ai fait une crise d’angoisse et j’ai donc atterri aux urgences. C’est là que j’ai senti une première libération parce que je me suis dit ah, ce qu’elle est en train de vivre, c’est ce que je suis aussi en train de vivre. J’ai pu vraiment libérer en tout cas ma parole envers elle parce qu’on a pu se confier l’un à l’autre, en parlant avec elle au bout d’un temps j’ai décidé de prendre rendez-vous avec une psychologue, mais ça a été bien huit mois après le début de mes attaques de panique donc il y a quand même du temps qui est passé et des mauvaises habitudes que j’ai prises, du coup, que j’avais mise en place. Ma première prise en charge, c’était huit mois après le début de mes crises.

Mickaël : Et pendant ces huit mois qui se sont écoulés, tu gérais comment l’anxiété ?

Alexis : Je gérais pas ! Je gérais pas du tout, je gérais pas, j’avais de plus en plus des phobies qui s’ajoutaient, j’avais des attaques de panique à répétition… Vraiment, j’avais l’impression de devenir fou.

Mickaël : Tu as parlé également de stratégies d’évitement que tu as mises en place progressivement, est-ce que ce sont des choses que tu as mises en place consciemment ou est-ce que ça vient automatique ?

Alexis : Non, non c’est vraiment des choses automatiques, c’est pas quelque chose que j’ai fait de mon plein gré. Les évitements sont, je pense, quelque chose que le cerveau fait spontanément pour se protéger et éviter de se mettre en difficulté. Au début on n’en a pas beaucoup, des petits évitements, puis ça devient beaucoup, beaucoup d’évitements au quotidien.

Mickaël : Est-ce que tu aurais des exemples de ce type d’évitement ?

Alexis : Alors typiquement, quelque temps après mon trouble panique j’ai développé ce qu’on appelle une agoraphobie, donc c’est la peur de ne pas être secouru dans des… Ce n’est pas forcément des lieux publics, là, sur le moment je peux me sentir en danger et avoir peur de ne pas être secouru donc créer une attaque de panique. C’est surtout au niveau de l’agoraphobie que les évitements se sont majorés puisque je n’arrivais plus à prendre le métro, je n’arrivais plus à prendre le train, je n’arrivais plus à prendre l’avion, je n’arrivais plus à être loin de chez moi seul. Donc l’évitement… le cerveau est toujours en train de calculer comment je peux faire pour éviter cette situation qui me dérange, un exemple en particulier je me souviens de… pour venir aujourd’hui ici j’ai regardé vingt-cinq fois comment il fallait faire pour venir en métro, parce qu’aujourd’hui, on en parlera plus tard, mais j’arrive à reprendre le métro, mais voilà le cerveau est toujours habitué à se dire, très bien, donc si je me sens pas bien à telle station, qui je peux essayer d’appeler, comment je peux être secouru si jamais j’ai un problème ? Donc le cerveau est toujours en train de faire des plans dans l’éventualité où je serais mal et où j’aurais besoin d’assistance en fait.

Mickaël : Et tu as parlé également de phobies qui se sont développées avec le temps, il s’agit de quel type de phobie ?

Alexis : Alors j’en ai plusieurs, s’il y en avait qu’une je serais content ! La première que j’ai développée très rapidement c’est ce qu’on appelle une pharmacophobie. C’est lié à mon histoire, dans mon trouble panique j’ai arrêté de prendre des médicaments qu’ils soient Doliprane, Smecta, peu importe, j’ai arrêté de boire de l’alcool, j’ai arrêté de prendre des substances que je prenais de temps en temps, ça a été assez radical et du coup assez compliqué dans mon suivi parce que justement quand j’étais très anxieux je ne voulais, je ne pouvais rien prendre pour essayer de me calmer donc ça a été un facteur aggravant de mon trouble. La phobie des transports en commun, la peur d’être enfermé, la peur de devenir fou, et je gérais pas ! C’est bien pour ça que je me suis dit… Parce que pendant un moment je me suis dit ça va passer tout seul, et c’est pas du tout passé tout seul, c’est pour ça que j’ai pris la décision de voir une psychologue. Et je gérais avec les moyens du bord c’est-à-dire que j’attendais que ça passe. J’attendais que ça passe, oui.

Mickaël : Et ce suivi psychologique, il se déroulait de quelle manière ?

Alexis : Alors c’était une prise en charge EMDR. Donc j’ai trouvé une psychologue EMDR et ça m’a beaucoup aidé à justement mettre des mots sur ce que je ressentais, donc que je faisais des attaques de panique, que j’avais des phobies d’impulsion, tout un vocabulaire un peu médical qui m’a aidé vraiment à rationaliser un petit peu ce que j’étais en train de vivre. On a beaucoup fait de recherches ensemble sur les troubles psychiatriques puisque c’était une de mes peurs de développer un trouble psychiatrique, donc j’ai étudié pas mal certains troubles psychiatriques pour pouvoir par la suite me rassurer et savoir que ce n’était pas ce que j’étais en train de vivre.

Mickaël : Et cette thérapie EMDR elle consiste en quoi ? Est-ce que c’est des exercices, c’est de la parole, c’est quoi complètement ?

Alexis : Alors la psychothérapie EMDR c’est des exercices avec le psychologue, basés en général sur des mouvements qui sont oculaires de droite à gauche, mais ça peut aussi être avec les mains sur les genoux, et en fait pendant ce moment-là on va étudier une situation particulière, un traumatisme, et il y a des choses qui vont venir spontanément à ton esprit par rapport à ce traumatisme-là et en gros, je ne sais pas bien l’expliquer, mais ça permet à ton cerveau de retraiter l’information. Le mouvement oculaire c’est un mouvement qu’on fait pendant la nuit en général, là du coup c’est pendant une séance de psychologie et ça permet au cerveau de retraiter l’information de manière saine. Voilà, rationaliser tout ce que j’étais en train de vivre. Malheureusement c’est vrai que… le moment en fait où j’ai senti une amélioration j’ai pensé que j’étais guéri, je me suis dit ça y est, c’est derrière moi, et j’ai arrêté la thérapie sans rien consolider. Et l’anxiété dès qu’elle peut se mettre quelque part elle s’y met et forcément quelques semaines ou mois après c’est revenu de la même manière.

Mickaël : En 2017 tu reviens à Paris après deux ans passés à Amsterdam et tu te rends compte que tu as développé une agoraphobie. Concrètement comment ça s’est passé la première fois, comment tu t’en es rendu compte ?

Alexis : Donc j’ai vécu deux ans à Amsterdam et peu avant de revenir m’installer à Paris j’ai fait une énorme attaque de panique dans un train aux Pays bas, qui m’a vraiment aussi choqué parce que je n’avais pas spécialement de difficultés à me déplacer seul dans un train. Et là j’ai fait une énorme attaque de panique. Et comme je suis revenu à Paris peu après, je pense que… le métro, le monde, ça s’est vraiment manifesté très très vite, je pense que je me suis senti mal à l’aise. Alors au début je ne le comprenais pas tellement parce qu’encore une fois je n’avais pas les mots, mais un malaise grandissant dans les transports en commun, ça c’est la première chose.

Mickaël : Et est-ce que cette agoraphobie a eu d’autres répercussions que l’aspect transports ?

Alexis : Elle a eu d’autres conséquences cette agoraphobie-là parce que ça a commencé du coup par les transports en commun. Après j’ai eu de plus en plus de mal à me retrouver seul, où que ce soit, que ce soit chez moi ou à l’extérieur, et puis petit à petit j’avais dans la tête une espèce d’image où plus les jours avançaient et plus j’avais l’impression que le périmètre de sécurité autour de chez moi était en train de réduire. Donc c’est parti des transports en commun, ça a commencé à devenir compliqué d’aller à mon travail qui était à trente minutes de chez moi, puis ça s’est resserré de plus en plus et… jusqu’au jour où c’était même compliqué, encore une fois quand j’étais seul, de pouvoir sortir et faire 50 m autour de chez moi, quoi ! Sans avoir de rumination et sans avoir des pensées angoissantes.

Mickaël : Et entre 2010 quand tu as fait ta première attaque de panique et 2017 quand tu as commencé à développer une agoraphobie il s’est passé quoi sur le plan de l’anxiété, des attaques, est-ce qu’elles sont continué pendant ce temps ou est-ce que ça s’est un peu réduit ?

Alexis : Ça s’est réduit par rapport au début de mes attaques de panique. J’ai vu d’autres psychologues aussi parce que comme je l’ai dit j’ai arrêté trop tôt ma thérapie donc l’anxiété finissait toujours par revenir. J’avais l’impression de vivoter. C’est vraiment ça le mot, c’est que j’étais anxieux, tout le temps, tout le temps, mais pas non plus une angoisse qui était non plus très forte, mais toujours anxieux. Et je faisais des thérapies, c’est vraiment ça le schéma que j’ai pu faire, je faisais des thérapies, au bout de trois mois je me sentais un peu mieux parce que j’apprenais des techniques qui me permettaient de mieux gérer de plus en plus mon anxiété. J’ai arrêté, je ne sais pas pour quelle raison j’ai arrêté, et puis ça ne faisait que revenir tout le temps. En 2018 j’ai trouvé une psychologue ici à Paris qui fait des thérapies cognitivo-comportementales. La thérapie cognitivo-comportementale elle est très pragmatique, vraiment, sur ce qui se passe au quotidien, on ne parle pas de traumatismes passés, on ne parle pas d’enfance, on ne parle pas de souvenirs, on parle de ce qu’il se passe au quotidien, quelles étaient mes problématiques au quotidien, et du coup on va créer ensemble avec le thérapeute, la psychologue ou peu importe, on va créer ensemble des… des actions au jour le jour pour affronter ses peurs.

Mickaël : Et par rapport à la première thérapie EMDR que tu as suivie, la thérapie cognitivo-comportementale elle consistait en quoi, c’étaient quoi les différences d’approche ?

Alexis : Donc un exemple concret c’était le métro, j’arrivais plus du temps à prendre le métro. On fait ce qu’on appelle des exercices d’exposition, d’exposition aux peurs. J’avais choisi le sujet métro. Et le but c’était de m’exposer graduellement à la peur, quelle qu’elle soit la peur au final. Il ne faut pas s’immerger trop vite, se mettre trop en difficulté, sinon l’anxiété prend le dessus, mais il faut apprendre à l’anxiété qu’il n’y a pas de danger et que je peux y arriver. Donc ça a commencé par, par exemple, faire une station de métro tout seul. Regarder, analyser ce que je ressentais dans mon corps, et reprendre le métro, refaire une station, pour vraiment m’acclimater et m’habituer. C’étaient vraiment des, voilà, des actions au quotidien alors que l’EMDR c’est beaucoup plus basé sur des traumatismes, on revit un peu ces traumatismes-là donc c’est complètement différent. Elle m’a fait beaucoup de bien cette thérapie là que j’ai suivie plus longtemps que les autres, je l’ai suivie pendant six mois, et là vraiment j’ai eu, pendant deux, trois mois j’avais l’impression de revivre, c’est-à-dire que je maitrisais mon anxiété. J’acceptais mon anxiété. Et puis patatras… Du jour au lendemain j’ai refait une attaque de panique et la peur, l’essence même de la peur de refaire une autre attaque de panique est revenue en fait. J’ai vraiment eu à cette période, ça c’était en 2018, à la rentrée 2018, et là vraiment j’étais au paroxysme de l’agoraphobie c’est-à-dire que vraiment prendre le métro le matin pour aller au travail c’était une horreur, encore pire si le métro s’arrêtait entre deux stations, j’étais vraiment en PLS dans le métro. C’était vraiment pas marrant en fait, et ça prenait une ampleur que je n’arrivais plus à gérer. Et je me disais qu’il fallait que je prenne vraiment du temps pour moi pour essayer de guérir en fait, et pour essayer d’accepter, et pour vraiment… me donner à cent pour cent pour essayer de sortir la tête de l’eau tout simplement, parce que ça finissait toujours par revenir et j’avais l’impression toujours d’être retiré vers le bas en fait. J’ai pourtant une chance dans mon malheur, c’est-à-dire que j’ai pas eu de troubles dépressifs associés, parce qu’on sait qu’en général avec les troubles anxieux il y a des troubles dépressifs associés, et à cette période-là j’en avais pas, et donc j’avais vraiment le désir de m’en sortir, j’avais vraiment une frustration, un énervement de pas pouvoir, de pas pouvoir gérer en fait ! Je me disais, mais pourquoi t’arrives pas à gérer ces crises alors que tu sais très bien que ça va pas te tuer, tu sais très bien que c’est que de l’anxiété, alors pourquoi sur le moment quand ça arrive t’arrives pas à te contrôler en fait. Donc j’étais dans une espèce de… j’étais en train de bouillir tout le temps. Donc j’ai décidé de me mettre en arrêt maladie. Ça a été compliqué en fait de s’arrêter et de… de s’avouer à soi-même j’ai un problème, en fait, notamment aussi des gens autour de moi qui m’ont aidé à le comprendre parce que je pense que quand on a des troubles quels qu’ils soient on avance les yeux fermés et on ne se rend pas forcément compte des comportements qu’on peut avoir et des barrières qu’on peut se mettre, en tout cas moi dans mon trouble panique… Et voilà, mon compagnon qui me disait enfin Alexis, tu sors plus, ça devient compliqué pour toi de sortir, tu aimais faire ça, tu veux plus le faire parce que c’est trop loin… Et c’est complexe je trouve de s’arrêter, de se dire oui, j’ai un problème. C’est dur en fait de… de le dire, mais surtout de le comprendre en fait, qu’on a réellement un problème en fait et qu’on peut pas, qu’on peut pas se permettre de vivre comme ça parce que je me disais qu’est-ce que va être ma vie ? Je vais passer ma vie à être anxieux, à pas profiter de ma solitude, à pas profiter des choses que j’aime moi-même… juste par rapport à l’anxiété, c’est pas possible quoi ! Donc j’ai vraiment eu cette prise de conscience là de me dire il faut que je me prenne en charge. Il faut que je me prenne en charge. Après… C’est bien de le dire, mais c’est tout un autre processus de le mettre en place donc ça a traîné un petit peu ! Ça a traîné, j’ai revu du coup la psychologue que j’avais vue en 2018 pour refaire de la TCC… Mais ça a traîné, il y avait quelque chose, j’accrochais plus en fait et je… j’avais l’impression que je connaissais la technique TCC par cœur et que j’avais beau essayer de l’appliquer dans mon quotidien ça ne fonctionnait pas ! Donc j’étais en arrêt maladie et le fait est que je ne pouvais plus aller au travail parce que je faisais des crises d’angoisse dans le métro… et que sur mon lieu de travail, ça allait quand j’y étais, j’étais pas trop anxieux, mais dès que je sortais, dès que j’ouvrais la porte pour rentrer chez moi ça me sautait à la figure donc j’avais l’impression d’être dans un cercle vicieux… Où j’arrivais pas justement à avoir ce moment de calme, de plénitude, de pouvoir souffler un petit peu. Donc j’ai vu le médecin du travail avec qui j’ai discuté de mes troubles et on a décidé ensemble de faire un licenciement pour inaptitude à mon poste. C’était compliqué ! Parce que licenciement pour inaptitude à son poste, enfin, moi j’avais tout un tas de préjugés par rapport à ça… Et puis est venu le premier confinement. Et le premier confinement pour un agoraphobe, il y avait rien de mieux ! J’étais absolument ravi de devoir rester enfermé chez moi sans avoir… aucune obligation de devoir me rendre à l’extérieur ! Donc vraiment pendant deux mois qu’a duré le premier confinement, j’étais trop bien, je me disais c’est génial, aucune obligation, je suis au chômage, j’ai pas à me mettre en difficulté, je ne peux pas me mettre en difficulté. Donc je me suis senti mieux. Je me suis senti mieux, mais c’était un faux confort au final ! C’était un faux confort puisque la sortie du premier confinement me l’a confirmé. Et l’année dernière, à la rentrée de l’année dernière c’était vraiment trop compliqué. Mon compagnon a trouvé un travail donc je me retrouvais seul la journée chez moi. Et en fait j’arrivais plus ! J’arrivais plus à rester seul, même chez moi, toute la journée c’était un enfer parce que je pensais tout le temps à ma mort et je me disais si je meurs là, si je fais un arrêt cardiaque là, qui c’est qui va venir me sauver, euh, qui je peux appeler si jamais ça va pas ? C’était vraiment un cercle vicieux, j’arrivais pas à m’en sortir et je ruminais tout le temps. Et j’attendais qu’une chose, c’était que mon compagnon rentre du travail parce que je me disais que ça allait me rassurer, mais au final l’anxiété finit par se glisser partout donc il rentrait, j’étais angoissé pour autre chose. Et j’ai fini par faire une énorme attaque de panique, jusqu’au jour où j’ai fait une énorme attaque de panique, j’ai atterri aux urgences. Et là en fait aux urgences je suis tombé sur une équipe fantastique, qui m’a pris en charge. Et la première chose que l’infirmière m’a dit, c’est : vous allez avoir un entretien avec un psychiatre, mais pour cet entretien-là on va vous donner un médicament. Et moi les médicaments c’est le top 1 de mes phobies. Et là je me suis mis à pleurer, totalement paniqué, j’ai dit je ne veux pas de médicament, je ne veux pas de médicament, et là elle a su déjà par les mots m’expliquer qu’elle était là, que je prenais ce médicament entouré, et que si jamais ça allait pas et bien ils étaient là, et que ça allait m’aider à me calmer pour pouvoir parler plus sereinement des choses. Ça a été compliqué parce que… Vraiment la peur des médicaments, je sais que si on connait pas ça ça parait complètement fou, mais euh… j’avais la pilule dans ma main et je tremblais, j’étais en pleurs ! Et puis j’ai fini par le prendre. J’ai fini par le prendre, alors ça m’a pas tant calmé que ça parce que j’ai tellement peur des médicaments que du coup, je prends un médicament pour me calmer, mais au final l’anxiété lutte contre ce médicament, c’est vraiment un cercle vicieux particulier. Et en fait cette crise-là, cette crise de panique là, je me souviens je me suis dit : stop. Stop, c’est juste plus possible, en fait euh… j’ai plus de travail depuis un an, je suis jeune ! Je peux pas m’enfermer là-dedans et surtout j’ai envie d’en sortir, quoi. Surtout j’ai envie d’en sortir. Donc vraiment là j’ai dit stop, terminé, je vais me battre !

Mickaël : Et quand tu as eu cette prise de conscience et que tu t’es finalement dit stop, c’était quoi l’étape d’après ?

Alexis : La première étape a été de reprendre rendez-vous avec un professionnel de la santé. Donc j’ai cherché. J’ai fait des recherches, en fait, je voulais vraiment quelqu’un qui était spécialisé dans… dans ce trouble-là. Et j’ai retrouvé une psychologue EMDR, donc la première thérapie que j’avais faite au début de mon trouble panique. Il paraissait très clair qu’il fallait que j’entreprenne un traitement parce que mon trouble était tellement installé dans ma vie au quotidien que sans traitement, ça allait être très compliqué. Et comme mon schéma par rapport à l’anxiété était très clair c’est-à-dire des périodes où ça va mieux et ça finit par revenir, il fallait mettre en place un traitement pour pouvoir réguler tout ça. Donc mon premier objectif quand j’ai été voir cette psychologue c’était de, d’essayer de régler ce problème de pharmacophobie qui au final m’empêchait de me souligner ! Parce qu’on a vu ensemble avec ma psychologue, si demain par exemple je tombais, si j’avais une maladie physiologique, quelle qu’elle soit, est-ce que j’étais capable de prendre des médicaments, et je me rends compte que j’étais tellement ancré dans ma peur que je me serais pas soigné, donc le premier objectif, ça a été de prendre rendez-vous avec une psychologue et de traiter en premier lieu cette phobie des médicaments.

Mickaël : Et cette phobie des médicaments aujourd’hui tu en es où, tu en es débarrassé ou est-ce qu’elle persiste malgré tout ?

Alexis : Alors j’en suis pas débarrassé, mais j’ai entrepris un traitement, j’ai réussi à entreprendre un traitement. Ma psychologue m’a beaucoup aidé du coup à passer le cap de la première pilule ! j’ai fait quelques aller-retour aussi aux urgences psychiatriques parce que… Je voulais le prendre, ce médicament, je voulais me donner une chance que ça m’aide, mais j’y arrivais pas, et chaque jour en fait je reculais au lendemain et je me disais allez, demain matin je le prends, demain matin je le prends. Et puis le lendemain c’était impossible, j’étais face à ma pilule et je n’arrivais pas à prendre ce médicament. Jusqu’au jour où j’ai été aux urgences psychiatriques, à Saint Anne ici à Paris et je leur ai dit… Je leur ai demandé de m’hospitaliser, je leur ai dit j’y arrive pas, à le faire tout seul. J’arrive pas à le faire tout seul, j’ai besoin d’aide, s’il vous plait ne me renvoyez pas vers un psychiatre parce que c’est pas la solution, hospitalisez-moi, là, maintenant, pour commencer le traitement ensemble. Bon, j’ai vite compris que c’était pas possible puisqu’on m’a expliqué que j’allais être dans un service avec des personnes qui sont en phase aiguë de troubles psychiatriques assez lourds. Et ça m’a fait réaliser, allez, demain matin je le prends ! Et vraiment cette fois-ci je l’ai pris, donc je tenais un journal de bord. Ça a été, je vais pas mentir, horrible, j’ai pris le médicament, j’ai tremblé pendant une heure, j’étais aux aguets de ce que je ressentais dans mon corps. Donc ça a été très compliqué, surtout que dans ce traitement-là c’est des traitements antidépresseurs en fait qui sont aussi prescrits pour les troubles anxieux, troubles panique avec ou sans agoraphobie, et on sait que quand on entame ce, ce genre de traitements il peut y avoir en début de traitement une majoration de l’anxiété. Donc je redoutais ça en fait parce que je me sentais déjà tellement anxieux, si en plus je prends un médicament qui me rend anxieux, comment gérer ? Et bien je n’y ai pas échappé ! mais en fait j’étais lancé, c’est ça j’étais lancé et je me disais allez, pourtant j’ai voulu arrêter plein de fois, les premiers quinze jours je crois que j’ai voulu arrêter tous les jours le médicament, mais je me disais allez, t’es lancé, c’est trop bête, il faut pas que tu t’arrêtes là quoi ! Et du coup en complément de ma psychothérapie ça m’aidait justement à garder cette consistance et pas faire un pas en arrière. Donc au sujet justement de ma pharmacophobie, aujourd’hui ce n’est pas totalement réglé parce que je ne pense pas que je serais capable de prendre tout et n’importe quoi là sur l’instant t, mais disons que j’apprends à me faire confiance et… j’apprends à me faire confiance.

Mickaël : Alors on l’a dit tout ça a commencé en novembre 2010 c’est-à-dire il y a un peu plus de dix ans maintenant, tu as connu plusieurs psychothérapies, tu as réussi à vaincre au moins temporairement ta pharmacophobie et à entamer un traitement médicamenteux. Aujourd’hui dans cette prise en charge tu en es où ?

Alexis : Alors j’ai entamé mon traitement il y a deux mois, donc j’en suis là ! Déjà je prends un traitement qui en toute honnêteté m’aide beaucoup en complément de ma psychothérapie, parce que ça m’aide à prendre des distances sur les choses et ça régule aussi mon humeur parce que ça n’efface pas tout, mais disons que les moments d’anxiété sont moins forts donc l’anxiété en elle-même me fait un peu moins peur. Et du coup je travaille euh, je travaille avec ma psychologue sur l’EMDR et sur des souvenirs traumatiques justement pour avancer sur tout ça. Avec ce traitement qui comme une espèce de… je dirais un peu une béquille pour m’aider en tout cas à faire les exercices que je fais avec ma psychologue un peu plus sereinement, et pas que je sois aveuglé par la peur, en fait, donc ça m’aide vraiment à rétablir un peu tout ça.

Mickaël : Et de manière très concrète ta dernière attaque de panique, elle a eu lieu quand ?

Alexis : Ma dernière attaque de panique vraiment dans son paroxysme attaque de panique ça a été la crise que j’ai faite quand je suis allé aux urgences, du coup c’était en octobre dernier, juste avant de me dire stop. C’est vraiment la dernière. Après j’ai des moments d’angoisse qui sont vraiment assez forts, mais qui ne partent pas en crise de panique en fait.

Mickaël : Et cette angoisse aujourd’hui avec la prise en charge à la fois médicamenteuse et thérapie que tu as, est-ce qu’elle a encore des répercussions plus ou moins fortes sur ta vie sociale et ta vie professionnelle ?

Alexis : Oui, parce que… j’ai l’impression que c’est fragile, j’ai l’impression que… j’ai eu des périodes où j’allais mieux et des périodes où ça allait, et puis ça finit toujours par revenir, j’ai l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête et puis ça revient à un moment. Mais aujourd’hui, mon anxiété oui elle a des répercussions professionnelles puisque j’appréhende d’entamer un nouveau chapitre professionnel en me demandant tout simplement si je serais capable. Et dans mon entourage non, puisque j’en parle très librement et en tout cas les amis qui me sont proches et qui sont proches de moi savent ce qui m’arrive et j’ai plus à utiliser dix mille excuses si je décide de ne pas venir à un rendez-vous d’une minute à l’autre. Et surtout je sens que plus j’avance, et plus je me confronte et plus je découvre que je peux y arriver, plus c’est facile. Donc là je suis dans une dynamique en fait où j’ai vraiment l’impression de faire un travail de fond, et j’ai l’impression que c’est la bonne, j’espère que c’est la bonne ! Voilà. C’est pas du tout la voie vers la guérison parce que je pense que la guérison c’est un bien grand mot, et dans les troubles psychiques, quels qu’ils soient ça passe surtout par l’acceptation en fait. Donc je suis en voie d’acceptation, j’espère…

Mickaël : Tu parles donc de l’importance d’accepter son trouble et de vivre avec lui. Et au-delà de ça, est-ce que tu as des conseils à donner à d’autres personnes qui traversent les épreuves que tu as pu traverser ?

Alexis : Oui ! Déjà la première chose que je dirais c’est vous êtes pas seuls, on n’est pas seuls ! Ça peut paraitre très simple, mais c’est pourtant la réalité, on n’est pas seul à vivre ces choses-là, et je sais combien c’est difficile et combien ça met des barrières dans la vie, mais on est là pour se soutenir. Si j’ai des conseils à donner la première chose ce serait d’aller consulter quelqu’un, ça c’est très important, de pouvoir être entouré médicalement, que ce soit avec son psychiatre, un psychologue, ou son médecin généraliste, et pouvoir mettre des mots sur ça, c’est important parce qu’on peut aller mieux, c’est une certitude, on peut aller mieux ! Les attaques de panique et d’anxiété ça ne tue pas, donc c’est important de s’en rendre compte et de se dire qu’on peut aller mieux. Donc mon premier conseil, ce serait d’aller consulter, de pouvoir en parler. De pouvoir aussi trouver des personnes dans son entourage qui sont bienveillantes par rapport à ça et à qui on peut se confier, qu’on peut aussi appeler peut être à deux heures du matin quand ça va pas trop, ça c’est important aussi. Et en parler. En parler, en parler, en parler, c’est très important.

Mickaël : On le sait, les troubles psychiques sont souvent très difficiles à accepter, déjà pour soi. Et on sait aussi que c’est souvent très difficile pour l’entourage de l’accepter, et une fois qu’ils l’ont accepté de savoir comment réagir. Et justement, est-ce que tu aurais des conseils de ta propre expérience à donner à l’entourage des personnes qui souffrent d’attaque de panique ou d’agoraphobie ?

Alexis : il y a une grande proportion de… Des gens qui au regard de la santé mentale ont encore beaucoup de clichés en tête. Donc c’est très compliqué déjà de se confronter à ça. Si j’ai un conseil pour déjà les personnes qui veulent en parler, qui ont des problèmes de santé mentale et qui veulent en parler, il faut être pédagogue. Je sais que ce n’est pas évident, mais il faut expliquer aux gens scientifiquement ce qui est en train de se passer, et il faut… Enfin il faut, c’est aussi mon cas personnel, mais il faut devenir un peu militant de son propre trouble, il faut savoir asseoir des mots, et il faut savoir faire comprendre à notre entourage que quand on se sent pas bien, quand on a une attaque de panique c’est pas un caprice, c’est pas de la mauvaise volonté, c’est un trouble psychique qui est là. Et donc déjà il faut apprendre aux gens ce que c’est, il faut avoir des mots précis sur ce qu’on est en train de vivre et ce que sont les troubles en question. L’entourage le premier conseil c’est l’écoute. Écouter sans parler, juste écouter la personne en face de soi, qu’est-ce qu’elle a à dire, qu’est-ce qu’elle ressent. Et il ne faut pas hésiter à se renseigner soi-même, l’entourage qui n’est pas concerné par ces troubles-là, je conseille de faire leurs propres recherches, avant de peut-être avoir un discours spontané qui pourrait peut être blessé ou qui serait mal renseigné et qui pourrait du coup renforcer la culpabilité de la personne qui est en train de vivre ça, donc se renseigner. Je trouve que les réseaux sociaux c’est un très bon moyen de pouvoir se renseigner sur tout ça, parce que moi c’est réellement sur Instagram où j’ai commencé à suivre plein de comptes hyper positifs sur la santé mentale, où j’ai pu voir plein de témoignages et je conseillerais à n’importe qui d’aller faire un tour sur Instagram, faire ses propres recherches sur les troubles panique avec agoraphobie, vous verrez y’a plein de choses même en tapant des hashtags. Et je sais que moi ça m’aide au quotidien de voir que je suis pas seul, ça revient, mais je ne suis pas seul, voilà.

Mickaël : On arrive au terme de cette émission et pour finir sur une note peut être un peu positive est-ce que tu peux nous parler de tes projets pour les années à venir ?

Alexis : Oui ! Déjà je suis confiant, confiant en ce que je suis en train d’entreprendre, j’ai plein de projets qui fourmillent dans ma tête par rapport à des projets professionnels, donc j’ai vraiment envie de creuser ça. Je pense que ça peut m’aider de penser un peu à autre chose parce que c’est vrai que quand on est seul face à ses troubles, notamment en période de pandémie, enfermé chez soi, on réfléchit beaucoup trop quoi ! Donc je pense que me reconcentrer sur un projet professionnel peut me faire énormément de bien, en tout cas je sens que je suis à un stade dans ma vie où j’en ai envie. Ce trouble-là il est lourd à porter, mais aussi j’ai réussi à comprendre qu’il m’apportait énormément de choses dans mon quotidien et dans ma façon de voir la vie ! Ça m’apporte une grande sensibilité, une grande empathie, et je sais le reconnaitre encore plus aujourd’hui c’est-à-dire que oui j’ai un trouble de la santé mentale, je l’assume, et j’en suis presque fier parce que ça m’ouvre des horizons que j’aurais peut-être pas vus si j’avais pas expérimenté ça. Donc je suis confiant pour l’avenir, quoi que ce soit, je sais mieux m’écouter déjà par rapport notamment au niveau professionnel, ce que je veux et ce que je veux pas, je sais ce que je veux améliorer et ce que j’ai envie de découvrir. Donc je pense qu’il est important d’assumer son trouble, il est important de faire entendre aux gens ce qu’on vit, et ça, personne ne peut l’enlever en fait, il faut crier ce qu’on est aux autres. Si j’ai un message d’espoir c’est ça, c’est assumez-vous, soyez fier de la personne que vous êtes, parlez-en librement, n’ayez pas peur du jugement parce que pour chaque personne qui vous jugera il y aura autant de personnes qui seront là et qui seront bienveillantes et qui sauront vous écouter. Donc, n’ayez pas peur de ce que vous êtes ! Alléluia !

Mickaël : L’heure est venue pour moi Alexis de te remercier d’avoir participé à cette émission. Et comme tu l’as dit, lors de ta dernière hospitalisation tu espérais que c’était la bonne. Et bien c’est tout ce qu’on te souhaite également ! J’espère que ce sera la bonne cette fois et que tu iras droit vers le rétablissement au plus vite. Merci !

Alexis : Merci beaucoup Mickaël.

[Musique de fin]

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